On ne peut pas dire que nous vivions actuellement une période des plus tranquilles. Les crises se succèdent obligeant les politiques à prendre des mesures d’urgence les unes après les autres. A cela s’ajoute une crise plus structurelle, celle du changement climatique, d’une énorme envergure, nécessitant des réponses rapides et adéquates. Pas évident donc de faire naviguer le paquebot mondial dans cette énorme tempête pleine d’écueils !
Le rôle du politique est de tenir la barre, d’avoir une vision à long terme qui doit donner un cap à suivre. Que remarquons-nous cependant ? Que si les objectifs sont bien souvent nobles, les moyens déployés pour y arriver sont parfois insuffisamment réfléchis, voire irraisonnés. L’urgence ne semble néanmoins pas en être la seule excuse.
La crise des prix de l’énergie est, il faut l’avouer, provoquée en partie par des facteurs géopolitiques qui échappent à nos gouvernants nationaux. Mais quand, dans le même temps, on se borne à faire respecter à la lettre des mesures prises il y a plusieurs années pour sortir du nucléaire, laissant planer le risque de raréfaction qui entraînera l’augmentation des prix, est-ce bien raisonnable ? Ceci sans autre alternative crédible, dans les temps impartis, que de construire des centrales au gaz. L’ambiguïté est énorme : on oppose la peur du nucléaire à celle du réchauffement climatique. Or, comment justifier l’abandon d’une technologie moins polluante et moins coûteuse pour le citoyen au profit de centrales émettrices de CO2 et beaucoup plus coûteuses et risquées en termes d’approvisionnement vu le contexte géopolitique ? La priorité ne devrait-elle pas être de lutter contre le réchauffement climatique ?
Quand l’idéologie fait place au dogme et s’oppose à toute forme de pragmatisme…
Nous ne sommes pas particulièrement pro-nucléaires mais actuellement, compte tenu de ce qui précède et au vu de l’évolution de la part du renouvelable dans notre mix électrique, peut-on raisonnablement s’en passer ? Alors, que la raison avait fini par primer avec la prolongation de deux réacteurs, nous constatons l’arrêt de Doel 3, est-ce bien cohérent ?
Ouvrons juste une petite parenthèse sur la peur du nucléaire. Saviez-vous que les fissures dont on vous parle depuis des années sont en réalité de petites bulles d’hydrogène qui sont là depuis la construction et qui n’évolue pas ? (ceci étant attesté par des analyses régulières de plus de 150 chercheurs et de milliers d’heures prestées) Saviez-vous que les déchets de nos centrales ne correspondent qu’à un très petit volume qui pourrait très bien être recyclé?
Prendre une mesure de cette importance sans prévoir d’alternative crédible permettant d’assurer l’approvisionnement du pays à des coûts supportables pour les citoyens et en émettant moins de gaz à effet de serre, n’est-ce pas cela « Mettre la charrue avant les bœufs » ?
Autre bel exemple : la mobilité à Bruxelles. Nous ne devons pas vous détailler les problématiques causées par des mesures tant elles font parler d’elles. Mais cela nous fait poser le même constat: imposer des changements sans alternative crédible. Transports en commun insuffisants et saturés, trop peu d’infrastructures pour usagers faibles sécurisées. Ceci provoquant un chaos sans nom produisant des pics de pollution localisés de par la congestion du trafic. Ou comment se tirer une balle dans le pied. Ces risques sont une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la mobilité à Ottignies. Mêmes constats : congestions de trafic de plus en plus régulières, peu de propositions d’alternative à l’auto et constructions de centaines de nouveaux logements sans solution réelle de mobilité. Nous espérons que la majorité n’a pas un agenda caché qui créerait une situation similaire à Bruxelles dans le but d’imposer une politique anti-voitures irréfléchie…
Nous sommes bien conscients que les choses doivent évoluer. Mais nous prônons le « pro » (et les mesures positives) plutôt que l’ « anti » (et les mesures restrictives et culpabilisantes) sans écarter les nouvelles technologies pouvant nous aider et sans être candides quant aux nécessaires changements de comportements.
Le problème n’est pas de commettre des erreurs de jugement. Le problème est de persister dans celles-ci. Nous souhaitons remplacer l’utilisation de la peur par de l’adhésion à un projet positif pour tous.
Denis VANDENBERGEN
Président de la section locale MR